Le Dr Charles Baldino

Charles Baldino et Joseph Perez

Le Docteur Charles Baldino  vient de s’éteindre à l’âge de  92 ans à Aix en Provence. Le Centre de Documentation Historique sur l'Algérie tient à rendre un hommage sincère à cet adhérent et ami de longue date.
Il y a moins de deux ans, le 20 juin 2012, Charles Baldino avait accepté de nous recevoir chez lui pour nous parler de ses origines familiales et de sa vie de médecin en Algérie. Nous rappelons ici  quelques points forts de cet entretien qui avait duré près d’une heure.
Charles Baldino était né le 25 décembre 1922 à Philippeville, département de Constantine. Sa famille, originaire d’Italie, était arrivée à la fin du 19ème siècle, et avait obtenu des concessions dans des villages des environs de Philippeville pour créer et cultiver des vignobles de crus locaux. La crise du phyloxera  ruina tous leurs efforts, et son grand-père en mourut prématurément, témoignant des grandes difficultés rencontrées par nombre de petits colons, qui souvent ont « mordu la poussière ».
A 20 ans, au moment du débarquement américain, il passe le 1er Bac puis il est mobilisé sous les drapeaux.
Démobilisé en  septembre 1945, il reprend ses études à la Faculté de médecine d’Alger, où il reste 5 années en médecine générale.  Il part ensuite à Paris faire une spécialité en pédiatrie, à l’Ecole Debré, pendant 4 ans. Pour financer ses études à Paris, il fait des remplacements de médecins de colonisation dans le bled pendant l’été. Il soigne surtout des malades atteints de paludisme, du trachome, de maladies intestinales. A Lafayette,  il remplace un médecin pris de panique devant ses malades, puis il exerce à Sidi Aïch, près de Bougie. Là, sur le terrain, au travers de ses conversations, notamment avec les jeunes, il se rend compte de l’aspiration de la population à l’indépendance.
En 1954, il s’installe et ouvre un cabinet de pédiatrie à Philippeville, et 1 an plus tard, le 20 aout 55, il est prévenu par la femme du chirurgien, le Docteur Vincent, voisin et ami, de se rendre d’urgence au bloc opératoire de l’hôpital de Philippeville où sont acheminés plus de 250 blessés à la suite de la tuerie d’el Halia, qui fit au moins soixante morts, surtout des femmes et des enfants. Il assistera, jusqu’à l’épuisement, ce chirurgien pendant 48 heures sans interruption, ne pouvant malheureusement pas sauver tous les blessés les plus graves.

A la proclamation de l’indépendance, le Docteur Charles Baldino envisage de rester en Algérie. Début juillet 1962,  Il s’installe dans une villa sur la côte aux environs de Philippeville. Mais les meurtres au faciès d’européens continuent sans que l’armée n’intervienne et en septembre, ne croyant plus aux promesses des accords d’Evian, il rentre définitivement en France.