Trésors du CDHA : Monographie de la commune de Collo

Ce document manuscrit, écrit et signé par un auteur inconnu, B. Franchi, et daté du 27 septembre 1888, est un modèle du genre. En cent soixante cinq pages d'une écriture soigneusement calligraphiée, la commune de Collo y est décrite dans quatre de ses dimensions essentielles, qui structurent l'ouvrage : « géographie physique », « géographie économique », « géographie historique » et « géographie statistique ».

Ce véritable trésor a été découvert dans les papiers de l'héritage de la belle-mère du donateur, le Docteur Charles Portier, fille de Monsieur Eyme, maire de cette ville à l'époque de la publication. Dans la lettre d'envoi de son don au CDHA, le donateur souligne les qualités de ce travail dans les termes suivants, extraits de sa lettre :

« Il s'agit d'un manuscrit, mais très lisible, car rédigé avec le soin méticuleux inculqué sans défaillance à l'époque – fin du XIXe siècle – à leurs élèves, par les Hussards Noirs de la République : la calligraphie est soignée, les majuscules élégantes (...), le style naturel, sans recherche vaine.

Son objectivité manifeste, sa prudence dans les affirmations, témoignent d'un véritable esprit scientifique.

L'auteur, modeste, oublie de fournir ses titres et qualités, met dès sa préface l'accent sur les faiblesses de son travail, et cette humilité, loin de nous dissuader de poursuivre, nous incite au contraire à persévérer, car elle constitue une preuve irréfutable de son honnêteté et une justification de notre confiance.

Je pense que vous serez comme moi intéressé par les précisions apportées à la répartition des terres cultivables entre les deux communautés dans le périmètre de la commune : « sur les 1003 hectares comprenant la totalité des propriétés particulières, 103 seulement sont possédées par des européens, le reste est morcelé en 650 parcelles possédées par 995 indigènes »...

L'auteur s'inquiète ... des conséquences de la médiocrité des techniques de culture, de leur archaïsme et, plein d'espoir, ..., prévoit la mise en place de mesures salutaires pour y remédier sans tarder. Mêmes réflexions sur les nombreuses mines insuffisamment exploitées dans les environs et sur l'exploitation du liège.

Son survol de l'histoire de la ville depuis l'Antiquité est captivant, mais moins que la narration des conflits incessants survenus dans la région remettant régulièrement en cause les acquis de la conquête, pour des motifs variés, prenant toujours très rapidement une connotation religieuse. On découvre à cette occasion le rôle de grands chefs arabes totalement dévoués à la France et soutenant héroïquement son œuvre. On assiste progressivement à la pacification de la région et à la réalisation de multiples travaux destinés à la développer heureusement.

Jean-Pierre SIMON

Extrait du Mémoire Vive n°52