Le 13 Mai 1958, la grande illusion

Le 13 Mai 1958, la grande illusion

 

1/- Rappel du contexte au début de l’année 1958

L’année 1958 commence mal. On est dans la quatrième année de l’insurrection terroriste en Algérie.

Si la « bataille d’Alger » a été « gagnée » l’année précédente, des difficultés croissantes se sont développées en même temps à la frontière avec la Tunisie, pays indépendant depuis mars 1956.

Le 11 janvier 1958, au lieu-dit Mechta Aïn Belkassem, un grave incident oppose les hommes du 23e RI du capitaine Allard à des fellaghas venus de Tunisie. Ils perdent 15 soldats retrouvés affreusement mutilés. De plus, les rebelles se replient en Tunisie avec 4 prisonniers que la diplomatie française n’arrivera pas à récupérer. Devant cet échec, la question du droit de suite est clairement posée.

Le président Habib Bourguiba soutient de plus en plus le FLN. L’ALN a installé des bases à Ghardimaou, Le Kef, Tadjerouine, Thala, Thelepte, Sakiet, Gafsa. En juillet 1957, Bourguiba accueille à Tunis le CCE (1) le CNRA (2), d’où seront organisés notamment des transferts d’armes de la Libye vers l’Algérie.

Côté français, La ligne Morice est construite en trois mois à partir du 26 juin 1957. Néanmoins, malgré ce barrage, électrifié et miné, et le dispositif de surveillance qui l’accompagne, les tentatives de franchissement sont très fréquentes, et par exemple, plus de 2000 hommes de l’ALN réussiront encore à s’infiltrer dans le courant du mois de décembre 1957.

Ligne Morice

 

Le 7 février 1958, un appareil français est l’objet d’une nouvelle attaque en provenance du territoire tunisien ; il est atteint par des tirs de la DCA de l’ALN et doit se poser en urgence à Tébessa. C’est la trentième intervention de combattants algériens depuis le sol tunisien. La France va appliquer, pour la première fois, son droit de suite et de légitime défense. Le lendemain 8 février 1958, la riposte tombe sur la base FLN de Sakiet Sidi-Youcef en Tunisie. Vingt-cinq avions bombardent les cantonnements algériens. Cent trente rebelles sont tués. Malheureusement, selon le FLN, une école aurait été touchée et les Tunisiens revendiquent le nombre de 70 morts dont 20 enfants et d’une centaine de blessés dans la population civile. L’évènement est alors largement couvert par la presse internationale qui se trouve « providentiellement » présente ce jour-là, sur ces lieux-là. De son côté, le président Habib Bourguiba, qui veut internationaliser le conflit algérien, saisit le Conseil de Sécurité de l'ONU et décrète le blocus de la base française de Bizerte et des bases situées dans le sud tunisien.

Robert Murphy

Amis de la Tunisie, Américains et Britanniques proposent leurs bons offices en échange du retrait de la plainte tunisienne. Les Français acceptent la proposition, espérant que la mission conduite par le diplomate américain Robert Murphy va permettre de dénouer la crise bilatérale et aboutir à la levée du blocus des bases françaises. Cette rencontre est immédiatement désavouée par l’opinion à la fois des Européens d’Algérie et d’une grande partie de l’armée. Par ailleurs, les discussions s’enlisent sur la question du contrôle international de la frontière. Au Palais-Bourbon, les députés critiquent la faiblesse de Félix Gaillard, qu’ils soupçonnent de vouloir céder aux pressions américaines. Lâché par ses alliés, l’Assemblée lui refuse sa confiance le 15 avril 1958, par 321 voix contre 259. A nouveau, pendant un mois, la France va se trouver sans gouvernement !

La quatrième république est à bout de souffle ; depuis la chute du gouvernement Guy Mollet, en mai 1957, il y aura eu 5 gouvernements successifs qui auront duré chacun en moyenne 59 jours ! Comment, dans ces conditions la France peut-elle régler le conflit algérien qui s’éternise et s’internationalise ?

Pierre Pflimlin, président du MRP, ministre des Finances dans le gouvernement Félix Gaillard, est finalement pressenti par le président René Coty pour former un nouveau gouvernement, après des contacts infructueux avec Georges Bidault et René Pleven. Comme beaucoup de chrétiens-démocrates, il a été sensible à la campagne de presse dénonçant les tortures pendant la bataille d’Alger, à la suite du rapport Béteille, publié en septembre 1957. Le député de Strasbourg serait un partisan de l’ouverture de négociations avec les rebelles du FLN. Il recevra de l’Assemblée son investiture l’autorisant à former un nouveau gouvernement dans la nuit du  13 au14 mai 1958.

À Alger, le 13 mai 1958, est organisée devant le monument aux morts, à l’initiative de Raoul Salan, une manifestation d’anciens combattants, à la mémoire des trois militaires du contingent fait prisonniers par les Hors-la-loi le 11 janvier précédent et qui viennent d’être fusillés le 9 mai en Tunisie.

2/- Le 13 mai et l’arrivée au pouvoir du général De Gaulle

La date du 13 mai 1958 reste aujourd’hui une date symbolique forte, aux conséquences historiques considérables largement illustrées par une historiographie importante, dont le titre de l’ouvrage des frères Bromberger, Les 13 complots du 13 mai 1958, publié en 1959, illustre l’aspect emblématique.

En réalité, quand on évoque le 13 mai, sont inclus, implicitement, tous les jours suivant du mois de mai qui fut une période de manifestations quotidiennes intenses, notamment avec les journées de fraternisation franco-musulmane, à partir du 16 mai, qui voient pour la première fois la participation de la population « musulmane » à des manifestations en faveur du maintien de l’Algérie française. Cette période déborde même sur le mois de juin avec le voyage en Algérie du général De Gaulle, nouveau chef du gouvernement, du 4 au 6 juin, et qui mobilisera des foules enthousiastes, notamment musulmanes, comme à Mostaganem.

Nous nous limiterons, dans le cadre de cet article, à tenter d’éclairer la question de l’arrivée au pouvoir du Général De Gaulle, présentée par certains historiens comme le fruit d’un coup d’état militaire et gaulliste.

A Alger, en avril 58, plusieurs groupes s'agitent et veulent instaurer un pouvoir au service de l'Algérie française. Il s'agit :        

- du Comité de Vigilance créé par Léon Delbecque avec à ses côtés Neuwirth, Sanguinetti, qui déclare mettre ses troupes du Comité des associations des anciens combattants au service de de Gaulle,

- de l'Association Générale des Etudiants d'Alger (Lagaillarde),

- de l'Union française nord-africaine (Robert Martel) .

Rappelons, en bref, tout d’abord que la grève générale avait été annoncée pour toute la journée du 13 mai. Dans le déroulement des manifestations il y eut donc, le matin, une manifestation officielle au monument aux morts d’Alger pour protester contre l’assassinat par le FLN des trois soldats français prisonniers en Tunisie. Des milliers d’Algérois entonnèrent La Marseillaise, puis le chant des Africains avant de scander Algérie française. L’après-midi, la manifestation ne fit que prendre de l’ampleur. En fin d’après-midi le Gouvernement Général fut pris d’assaut par les manifestants conduits par Pierre Lagaillarde, sous le regard bienveillant du 3ième RPC qui n’intervient pas. Dans la soirée sera mis en place un Comité de salut public, dont le général Massu prendra la direction.

La préparation de ces actions est coordonnée entre des civils et des militaires, principalement par les gaullistes Léon Delebecque et Lucien Neuwirth, qui seront ensuite actifs au sein du comité de salut public Algérois, et le lieutenant-colonel Roger Trinquier du 3ième RPC.

Dans la soirée du 13 mai, le général Massu envoie un télégramme à Paris « ... exigeons création à Paris d'un gouvernement de salut public, seul capable de conserver l'Algérie partie intégrante de la métropole ». La principale exigence des Algérois soutenus par l’armée est bien sans ambiguïté le maintien de l’Algérie française.

Félix Gaillard, le président du Conseil démissionnaire, donne le 13 mai les pleins pouvoirs civils et militaires au général Raoul Salan, qui seront confirmés le lendemain par Pierre Pflimlin investi par l’Assemblée pendant la nuit et dont, parallèlement, la nomination suscite la colère à Alger, car il ne cache pas sa volonté de trouver une solution négociée au conflit algérien, ce qui est contraire à l’objectif du Comité de salut public.

Le 15 mai, sur le Forum, le général Salan, après la fin de son discours, reprend le micro pour lancer Vive la France ! Alors qu'il s'apprête à quitter le balcon, Delbecque lui souffle "vive de Gaulle" mon général ! Salan se retourne vers la foule et crie Vive De Gaulle !

 

Le 17 mai, à la radio d’Alger, Léon Delbecque, en appelle à De Gaulle dans ces termes : " Français d'Algérie, Européens et Musulmans, rassemblés dans nos Comités de salut public, nous en appelons à de Gaulle, au-dessus des partis et pour le salut de la France. Il s’adresse également aux Français de métropole : " Entendez notre voix, mes chers compatriotes de la métropole. Il n'est pas possible que vous refusiez de mettre vos voix à l'unisson des nôtres pour obtenir, de celui qui est resté presque seul debout au milieu de la tempête de juin 1940 qu'il accepte de prendre la barre et de redonner à la nation le cap qu'elle a perdu.

Venons-en maintenant au second aspect de l’implication des militaires, qui porte le nom de Résurrection. Cette opération, véritable coup de force militaire en Métropole, programmé initialement pour le 29 mai, a pour but de ramener précisément Charles De Gaulle au pouvoir. L’idée de cette opération ne vient pas du général lui-même, mais bien évidemment de ses partisans. Michel Debré en tête ! Il en sera averti, mais ne dira mot. Il s’agit, le moment venu, de marcher sur Paris avec un certain nombre de régiments parachutistes d’Algérie et d’unités de Métropole afin d’imposer à la France un gouvernement de salut public, celui-là même réclamé par le général Massu le soir du 13 mai.

On sait que cette opération Résurrection a été organisée jusque dans les détails, sous les ordres du général René Miquel, patron de la région militaire de Toulouse, mais qu’elle n’a été mise en œuvre que très partiellement. Le coup de force sur Paris a été annulé au dernier moment parce que précisément De Gaulle est revenu au pouvoir. Mais pour garder ses distances face à cette opération, le Général a bien pris soin de se manifester non pas à la demande de l’armée et des Comités de salut public, mais bien à celle du président de la République, avec le soutien de la majorité de l’Assemblée nationale, donc dans le respect total des Institutions, comme nous le verrons ci-après.  C’est pourquoi, s’il y a eu menace de coup d’état, le Général n’est pas revenu au pouvoir par un coup d’état. Nuance importante !

Selon le témoignage d’Olivier Guichard, dès le 5 mai 1958, le président René Coty fait savoir qu’il souhaite connaître les intentions du Général. A partir de ce moment-là, celui-ci sait donc que Coty envisage de l’appeler. Il lui répondra indirectement le 15 mai en annonçant que « Naguère, le pays, dans ses profondeurs, m’a fait confiance pour le conduire tout entier jusqu’à son salut. Aujourd’hui, devant les épreuves qui montent de nouveau vers lui, qu’il sache que je me tiens prêt à assumer les pouvoirs de la République ». Dès le lendemain est créée « l’Association nationale pour l’appel au général De Gaulle dans le respect de la légalité républicaine ». Puis lors d’une conférence de presse organisée le 19 mai à l’hôtel d’Orsay, dans une salle comble, De Gaulle déclare « Je suis prêt, si le peuple le veut, à me retrouver à la tête du gouvernement de la République ».

Le 24 mai, le bruit se répand que des parachutistes venus d'Algérie ont sauté sur la Corse (première étape de l’opération Résurrection), et créé un Comité de salut public Corse; le colonel Thomazo, gaulliste convaincu, s'empare du pouvoir militaire. Il est aidé par le capitaine Mantei qui commande le 1er Bataillon parachutiste de choc (BPC) à Calvi, et du député corse Pascal Arrighi ainsi que d'un cousin de De Gaulle, Henri Maillot, conseiller municipal d'Ajaccio. Ces deux derniers sont membres du Comité de salut public créé à Ajaccio.

Pierre Pflimlin

Le 26 mai, le président du Conseil Pierre Pflimlin demande à rencontrer le Général qui déclarera le lendemain « j’ai entamé hier le processus régulier nécessaire à l’établissement d’un gouvernement républicain capable d’assurer l’unité du pays… J’attends des forces terrestres, navales et aériennes présentes en Algérie qu’elles demeurent exemplaires sous les ordres de leurs chefs… A ces chefs, j’exprime ma confiance et mon intention de prendre incessamment contact avec eux ». Le 28 mai, Pflimlin démissionne.

Le 29 mai un message du président de la République est lu devant les deux chambres, par Monsieur Gaston Monnerville, président du Conseil de la République : «Dans le péril de la patrie et de la République, je me suis tourné vers le plus illustre des Français, vers celui qui, aux années les plus sombres de notre histoire, fut notre chef pour la reconquête de la liberté et qui, ayant ainsi réalisé autour de lui l’unanimité nationale, refusa la dictature pour rétablir la République…Je demande au Général de Gaulle de bien vouloir venir conférer avec le Chef de l'État et d'examiner avec lui ce qui, dans le cadre de la légalité républicaine, est immédiatement nécessaire à un Gouvernement de Salut National… ». Charles De Gaulle est enfin appelé par le président René Coty. Il sera reçu à l’Elysée ce même jour, à 19h30. L’opération Résurrection sur Paris n’a plus lieu d’être.

Le 30 mai les socialistes sont reçus à Colombey et annoncent leur soutien à l’Assemblée ; il faut dire que René Coty avait menacé de démissionner en cas de refus d'investiture de l'Assemblée ! Le maréchal Juin vient également confirmer au Général que l’armée dans son ensemble est décidée à le suivre.

Un homme seul, dans un silence absolu ...

Le général De Gaulle sollicite l’investiture de l’Assemblée nationale le 1er juin 1958. Il se présente, en civil, dans un hémicycle bondé. Dans un silence absolu, il fait la plus brève déclaration d’investiture de toute l’histoire de la IVe République. L’Assemblée nationale votera l’investiture par 329 voix pour et 224 voix contre, dont celles de Mendès-France et Mitterand. Il forme sans attendre un gouvernement de rassemblement avec notamment Guy Mollet, chef de la SFIO (parti socialiste), Antoine Pinay (Centre National des Indépendants, droite), Pierre Pflimlin, MRP (chrétien démocrate), Michel Debré (gaulliste) ... Le 2 juin, De Gaulle obtient de l’Assemblée nationale les pleins pouvoirs pour 6 mois. Le 3 juin la loi constitutionnelle est votée qui lui permet d’entamer la profonde réforme de la constitution qu’il appelle de ses vœux depuis 1947, et qui aboutira dans un délai record à la Constitution de la cinquième République.

Le 4 juin, le nouveau chef de gouvernement se rend en Algérie jusqu’au 6 juin

Conclusion

On remarquera tout d’abord, clin d’œil de l’histoire, que Charles De Gaulle fut à la fois le premier et le dernier président du Conseil de la quatrième République qu’il a tant détestée. Il est vrai qu’en suite de quoi, il a établi une constitution taillée à sa mesure qui lui a permis de régler la question algérienne avec toute l’autorité sans partage et sans humanité (Maurice Faivre) dont il était capable.

Citons ce témoignage de Pierre Lefranc (3) qui révèle un point fondamental du constat de départ que le Général fait de la situation algérienne : « Nous sommes le 6 juin [1958]. De Gaulle revient de son premier voyage en Algérie et je suis allé l’accueillir à Villacoublay. Dans la voiture nous parlons et il me fait part de ses impressions ; s’agissant des partisans de l’Algérie française et notamment de certains militaires, il me dit : « ils rêvent. Ils oublient qu’il y a neuf millions de Musulmans pour un million d’Européens. L’intégration ce serait quatre-vingts députés à l’Assemblée qui feraient la loi ! ». Mais la veille de Gaulle avait portant annoncé à Oran que « …l'Algérie est organiquement une terre française. La France est ici avec sa vocation, elle est ici pour toujours".

"Je vous ai compris..."

 

Le profond désintérêt qu’a manifesté De Gaulle pour la question algérienne couvrait sans doute la volonté qu’il avait de modifier les institutions – il avait d’ailleurs démissionné du pouvoir le 20 janvier 1946 parce qu’il était en désaccord avec la première Assemblée Constituante sur sa conception de l’état – mais aussi sa volonté d’élargir la politique de la France dans le contexte de l’émergence de l’Europe et du tiers-monde, et enfin sa volonté de rejeter la domination atlantiste. Et c’est sans doute pour cela qu’il voulait revenir au pouvoir. Pas dans le but de sauver l’Algérie française ! D’où l’expression de la grande illusion accolée au titre de cet article et empruntée à Grégoire Finidori.

Pour terminer, nous proposons au lecteur de se souvenir qu'à propos du 13 mai de Gaulle déclarera beaucoup plus tard : " c'est parce que l'Assemblée s'est couchée qu'il n'y a pas eu coup d'état" et de partager la conclusion du sociologue Raymond Aron sur ce même sujet, quand il précise :

« J'écris au mois de mars 1962. Il y a trois ans et demi une République était abattue parce qu'elle était incapable de garder l'Algérie à la France. Les fondateurs de la République suivante ont obstinément poursuivi la politique dont ils accusaient les hommes d'hier de nourrir la velléité. Mais s'il fallait crier "Algérie française" pour ramener le général de Gaulle au pouvoir et si ce retour à l'Élysée du solitaire de Colombey était indispensable au bien public, ceux qui ont abusé leurs fidèles et trompé le peuple sur leurs objectifs, n'ont-ils pas finalement déshonoré leur nom et servi l'État ? » (4)

 

 

Jean-Pierre Simon

Renvois

  1. - Comité de Coordination et d’Exécution, organe central de la direction du FLN.
  2. - Conseil National de la Révolution Algérienne, créé lors du congrès de la Soummam.
  3. – Pierre Lefranc, Souvenirs de mai 1958, Espoir n°116, 1998.
  4. - Le Prince (Machiavel), préface de Raymond Aron, Le Livre de Poche, 1972.

Quelques éléments de bibliographie

Un ouvrage incontournable :

Jean Balazuc, L’armée française pendant la guerre d’Algérie, une chronologie mensuelle Mai 1954 – Décembre 1962, L’Harmattan, 2019, 992 p.

Voir aussi :

Grégoire Finidori, Un formidable système répressif, les juridictions d’exception à la fin de la guerre d’Algérie (1961-1963), chapitre 1 : Le retour au pouvoir du général De Gaulle, ou la grande illusion, Dominique Martin Morin, 2022,502 p.

Merry et Serge Bromberger, Les 13 complots du 13 mai, Arthème Fayard, 1959, 443 p.